vendredi 10 juin 2016

Un si petit héros.... #2


Pour lire la première partie de ce post, vous pouvez cliquer ICI.

La prématurité n'est pas, par définition, quelque chose qui se prépare. Ça vous tombe dessus.

Mon fils est né alors que je terminais juste le second trimestre de ma grossesse. Donc rien n'était prêt  : sa chambre, la valise pour la maternité, ses vêtements... et certainement pas moi, pas nous.
Je commençais juste à réfléchir à mon projet de grossesse : est-ce que je voulais une péridurale? est ce que nous voulions de la musique? Une ambiance particulière? Quel rôle voudrait tenir Chéri? Assister à l'accouchement?? Coupera t'il le cordon??

En une fraction de seconde toutes ces questions sont remplacées par une seule : Est-ce que bébé va vivre?


La prématurité vous vole une partie de votre grossesse. Les professionnels expliquent que les 9 mois de grossesse sont nécessaires pour que chacun puisse se construire et s'épanouir dans son nouveau rôle.


Pour ma part, je ne suis même pas sûre d'avoir senti mon, fils bouger dans mon ventre. Peticha étant mon premier enfant, j'ai bien senti des "petits trucs bizarre" mais pas  je n'ai pas eu le temps d'en avoir la confirmation. De plus, je rappelle qu'à la naissance, il ne pesait que 840 grammes.
Ce dont je suis sûre, c'est que Chéri n'a pas senti de coup de pied. Junior non plus.

Nous pensions qu'il nous restait 3 mois pour devenir papa, maman et grand-frère et en quelques minutes, ces 3 mois n'existent plus. Comme si nous avions fait un bon dans le temps ou que nous avions une amnésie d'un trimestre.

Avoir un enfant prématuré est un véritable traumatisme qu même titre qu'un accident de voiture. En une fraction de seconde, le monde autour de nous s'écroule.
En plus, on ne sait pas. Bien sûr, tous les jeunes parents ne savent pas s'ils vont y arriver ou pas. Les parents d'un prématuré ne savent pas s'il va vivre, s'il aura des séquelles, s'il marchera, s'il pourra parler... et n'auront pas de réponse avant des mois voir des années.

Les gens non plus ne savent pas. Ils ne savent pas quoi dire ni quoi faire. De ce fait, après la naissance de mon fils, JE n'ai eu quasi aucune visite (en dehors de nos parents, du frère de Chéri et de sa femme, ma sœur et ma meilleure amie). On ne m'a pas félicité.
J'essaye de ne pas en vouloir aux gens mais c'est parfois difficile d'être compréhensif. J'avais juste besoin de présence surtout le premier jour alors que j'étais séparée de mon fils.

S'ouvre alors à nous un monde nouveau. On le connait un peu parce qu'on en parle à la télé. mais maintenant, on va le connaître par cœur. Par cœur, le mot est totalement adapté, car chaque soir on y laisse le notre de cœur.

Chéri découvre d'abord la réa sans moi (toujours hospitalisé où mon fils est né). Il est accueilli par une soignante qui l'amène à la chambre de Peticha. On lui explique les fils, les machines, les bips. Mais il ne comprend pas tout. Ce n'est pas qu'il soit idiot ou que ça ne l’intéresse pas, c'est juste que pour le moment, il est inquiet pour son fils, inquiet pour moi.

Le lendemain, je les rejoins et à mon tour je découvre cet univers où tout est feutré, où tout est rythmé par les bips de machines.
On croise les autres parents, on se salue d'un regard, d'un hochement de tête entendu et compatissant.

Une puéricultrice m'explique tout, elle me fait visiter le service et m'en explique l'organisation.
Rapidement, des rituels s'installent. On devient des pros en lavages des mains, on enfile la blouse et le masque plus vite que dans un épisode d'Urgence ou de Grey's Anatomy et on sait exactement où se trouve chaque bouteille de solution hydroalcoolique.

Et puis, on commence à connaître tout le monde (chaque soignant se présente à chaque fois "bonjour, je suis Sam et c'est moi qui s'occupe de votre fils cet après midi"). On commence à parler avec les autres parents. On utilise du vocabulaire qu'on aurait préférait ne pas connaître : on parle de sipap, de bradys, de désat... les espoirs se mesurent en grammes pris et en taux d'oxygène.

Puis, un jour arrive une grande nouvelle : l'évolution de Peticha fait qu'il peut passer aux soins intensifs.

Vous n'allez pas le croire mais chaque changement de service a été très difficile pour à gérer (pourtant Peticha n'a jamais fait de retour en arrière). J'étais bien sur heureuse que les choses avancent pour mon fils mais j'éprouvais également énormément de peurs (surtout qu'il ne soit pas bien pris en charge dans le nouveau service).

Les semaines passent. Les chiffres sur la balance sont de plus en plus grands. De nombreuses étapes sont franchies : le premier kilo, le retrait de l'oxygène, le passage en berceau (sortie de l'incubateur), la première alimentation non gavée  (hors sonde naso-gastrique).

J'ai lu quelque part (désolée mais je ne me souviens plus et si quelqu'un a cette référence, je serai ravie de pouvoir l'ajouter) qu'être confronté à la prématurité est à la fois un sprint et un marathon.
Cette course ne serait pas possible sans les équipes soignantes. Dans les trois services où Peticha a été hospitalisé nous avons rencontré des personnes qui font leur travail avec une réelle passion. Qui peuvent rire avec vous puis vous offrir une oreille attentive lorsque vous craquez.. Pour moi dans cette course ils sont nos coachs.

Et je ne les remercierai jamais assez.

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