mercredi 1 juin 2016

Un si petit héros... #1


Dans mon premier post, je vous disais que Peticha a un parcours particulier.

Je vais vous le raconter aujourd'hui. Toutefois, je vous prie dès à présent d'excuser ce texte qui risque d'être un peu décousu. Sa naissance étant récente, je suis encore dans des émotions vives quand je la racconte et je me pers parfois dans mes explications.

De plus, je tiens à préciser que je ne vais pas vous parler ici de LA prématurité mais de NOTRE rencontre avec la prématurité. Je pense que chacun a une histoire qui lui est propre en fonction de son parcours, de son ressenti, de la façon dont il est entouré....

Ma grossesse a été compliquée. Mon médecin m'a prescrit un arrêt de travail avant la fin de mon premier trimestre pour deux raisons principales : 


- mon hypertension : avant ma grossesse, je faisais déjà de l'hypertension artérielle (HTA) mais avec mon cardiologue nous avions trouvé, après de très nombreux essais, le traitement adapté.
Quand le "projet bébé" a été lancé nous avons du changer ce traitement pas compatible avec une grossesse. Toutefois, nous ne sommes pas parvenus a trouvé le dosage qui équilibrerai cette satanée tension ;



- mon travail : quand nous nous sommes installés ensemble, Chéri et moi avons décidé que je viendrais "sur son secteur" pour éviter d'imposer trop de changement à Junior.
De ce fait, mon temps de trajet était de 1h30 (en voiture comme en train) chaque matin et chaque soir.
De plus, je suis éducatrice et j'intervenais à domicile. Ce qui ajoutait du temps en voiture (de manière très aléatoire).


Au fur et à mesure de l'avancement de ma grossesse, ma tension ne se stabilisait pas et les échos montraient un néné très remuant mais un peu petit.
Rapidement, le mot RCIU est tombé. Ce Retard de Croissance intra-Utérin est une conséquence de mon hypertension : à cause de cela les vaisseaux irigants le placenta n'ont pas pu remplir pleinement leurs fonctions.

J'ai donc dû être au repos au maximum. Avec le passage hebdomadaire de la sage-femme pour contrôler la tension et vérifier les protéines dans les urines (signes d'une pré-éclampsie [PE]).
Quand ma tension étati trop elevée, elle me déposait aux urgences gynecologiques pour une surveillance plus importante. J'y restais jusqu'à ce que ma tension baisse.


Un mercredi une protéinurie un peu limite l'a amené à me prescrire un exament complémentaire.
Le résultat de celui-ci m'a conduit, une fois de plus aux urgences de la maternité.


Me voici donc,à 28 SA (soit 6 mois de grossesse), le vendredi 13 mars 2015 aux urgences de la maternité avec une tension élevée et des protéines dans les urines.


D'abord se met en place le même protocole que d'habitude : je fais pipi dans un flacon (je ne vous ai jamais dit que c'était glam! ^^) puis on me met dans un lit et me branche a une machine qui prend ma tension toutes les 5 minutes.

Pendant, 1h30 je vois défiler des futures mamans angoissées parce que quelque chose ne va pas. Je ne suis pas inquiète pour ma situation. J'ai l'habitude, je vis cette situation toutes les semaines depuis la fin de mon troisième mois de grossesse.


Chéri arrive avec Junior qu'il a récupéré à l'école. L'infirmière entre à son tour avec un air différent de d'habitude: "Votre tension baisse mais vos résultats d'anaylyse ne sont pas bons".
Elle m'annonce que je vais être hospitalisée 24h et que je vais devoir refaire l'examen prescrit par la sage-femme et fait à mon domicile.


Chéri retourne à la maison me chercher le nécessaire et autant vous dire qu'à 28 SA rien n'est prêt.
A son retour, les 24h deviennent 48h le médecin préfère un temps d'observation plus long.

Je dis à Chéri de rentrer avec Junior qui commence à s'ennuyer sévère.

Vers 18h30, on me change de chambre. Le service étant vide, on m'installe en salle de réveil pour être au plus près du bureau des soignants et on commence le monitoring.

Le personnel vient souvent voir puis arrive le médecin qui commence à parler d'un transfert vers une maternité de niveau III. La plus proche est à 30 minutes de route de la maison. Les autres à plus ou moins 1h (sans compter les bouchons).
Il est clair : je serai transférée au premier endroit où il y aura de la place.

Les infirmières viennent de plus en plus régulièrement. Le médecin poursuit ses négociations pour un transfert mais en vain. Tous ont l'air de plus en plus inquiets. J'appelle Chéri, je lui demande de venir, je sens que la situation prend une mauvais tournure. LE temps de déposer Junior chez Papi et Mamie, il est là 30 minutes plus tard.

Nous discutons, toutefois nos voix et nos regards trahissent nos angoisses.

Puis le médecin m'annonce que le coeur du bébé ralentit et qu'il faut "mettre un terme à la grossesse". Ces mots je ne les oublierais jamais. Je me suis dit "mais ils veulent tuer mon bébé". Il m'explique qu'il parle d'une césarienne à laquelle Chéri ne peut pas assister. Il doit attendre derrière la porte. Il faut faire vite. De toute façon, ça ne dure que quelques minutes.

On me prévient que bébé risque de ne pas crier, je n'ai reçu qu'une injection pour favoriser la maturation de ses poumons.
Et pourtant, un cri. On me présente mon bébé pour un baiser. Une petite crevette de 840 grammes.
Puis il s'en va pour recevoir ses soins. Je le revois quelques minutes plus tard, intubé, minuscule dans son incubateur. Il part immédiatement avec le SMUR vers un hopital de niveau III. Je ne sais pas quand je pourrais le revoir.

Un nouveau monde s'ouvre devant nous, celui de la prématurité.

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